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mercredi 3 février 2010

Ketum gel: droit, santé et dollars

Qu'est-ce qui prime le plus, la santé des individus ou le bien-être des entreprises?...

Le Conseil d'Etat a sa petite idée: saisi par les laboratoires Menarini d'un référé, il a suspendu - en attendant de juger sur le fond - la décision de l'AFSSAPS de décembre 2009 de retirer l'AMM (autorisation de mise sur le marché) du Ketum gel, par une ordonnance du 26 janvier 2010. Ceci pour - entre autres - des motifs... économiques!

La décision de l'AFSSAPS était motivée par des effets secondaires (photoallergie), provenant apparemment d'une mauvaise utilisation du médicament; l'ajout d'un pictogramme1 pour avertir le patient n'avait pas suffit à éviter celle-ci (en gros, il ne faut pas s'exposer au soleil ni utiliser des crèmes sur la superficie traitée, ce qui n'est pas, dirait mon médecin, sorcier).

Le Figaro, célèbre quotidien altermondialiste, remarque que "même s'il s'agit d'une décision provisoire, de nombreux experts s'inquiètent de voir qu'une décision du Conseil d'État puisse prévaloir en matière de sécurité des médicaments sur celle prise par l'Afssaps, sur la base d'un argumentaire… économique."
Le Conseil des sages a en effet indiqué parmi ses motifs non seulement la non-remise en cause par l'AFSSAPS du ratio bénéfices-risques du gel, et le faible taux d'effets secondaires (quelques dizaines pour des millions d'utilisateurs, qui plus est attribuable à une mésutilisation du produit), mais aussi le fait que le Ketum gel constituait le deuxième chiffre des laboratoires Menarini.

En attendant de juger sur le fond, et vu les dommages économiques infligés à Menarini, le Conseil d'Etat... effectue un jugement de fond (considérations sur l'efficacité du médoc et ses risques) et balance la précaution par la fenêtre, pour raisons économiques.

On comprend que Le Figaro adopte une tournure de phrase altermondialiste, ce qui suscite l'exaspération d'une avocate, Catherine Taurand, qui s'indigne du communiqué de l'AFSSAPS, "d’autant plus grave qu’une certaine presse n’hésite pas elle-même à dénaturer les termes de cette affaire qu’elle ne comprend manifestement pas."
Qu'a donc de scandaleux ce communiqué de l'AFSSAPS ? Il rappelle "l’efficacité faible à modérée de ces médicaments et de l’existence d’alternatives thérapeutiques", soulignant par ailleurs qu'il ne s'agit pas d'un jugement sur le fond, et que "cette ordonnance ne préjuge pas de l’issue dans le courant du 1e semestre 2010 de la réévaluation communautaire en cours."

Que pense le péquin moyen de cette affaire, dont nous faisons partie ?

Sans préjuger des qualités et risques de ce médicament, ni des comportements aventureux des adeptes de bronzage et de moonbathing, on remarque, comme le font la plupart des bloggers, le Figaro, mais qu'évite soigneusement de le faire notre avocate, que cette décision a eu la maladresse d'invoquer un motif économique pour justifier une AMM. Ce qui, effectivement, ne peut que renforcer le sentiment de Les Mots ont un sens, selon lequel "que vaut la santé de quelques uns, au regard des profits de l'industrie pharmaceutique ? Rien, pour le Conseil d'Etat."
Et malheureusement pour eux, médecins et avocats pourront se réfugier devant leurs compétences expertes et invoquer l'autorité de la Science, fût-elle celle des labyrinthes de la jurisprudence, rien n'ôtera de la tête du pékin moyen que l'Etat s'occupe plus de dollars que de santé, sauf quand il réussit à combiner les deux... 
1. Ainsi, le destin du Kétum-Gel reposerait-il sur les épaules des graphistes !... De quoi faire réfléchir l'industrie pharmaceutique, qui pourrait embaucher nos jeunes talents pour vendre en bonne conscience...

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